Challenge Etty Hillesum

Du 1er février au 30 avril, l'Association Les Amis d'Etty Hillesum a organisé un challenge de lecture des Ecrits d'Etty Hillesum à destination des jeunes de 15 à 25 ans.

33 ont répondu à l’appel, soit spontanément, soit à l’initiative de leur professeur d’histoire-géographie.

L’association remercie tout particulièrement Mme Florence Santi, professeur au Lycée du Sacré-Coeur d’Aix-en-Provence pour son investissement.

Voici les textes qui nous sont parvenus.

ALBÉRIC – 16 ans

Citation :  » Je connais l’air traqué des gens, l’accumulation de la souffrance humaine, je connais les persécutions, l’oppression, l’arbitraire, la haine impuissante et tout ce sadisme. »

À travers cette citation, Etty Hillesum expose, montre les exactions subies par son peuple. Cette guerre d’anéantissement, qui prône la destruction de l’être, est pour l’auteure un déclic lui permettant d’ouvrir pleinement ses pensées au monde et ainsi d’accéder à ce que tout homme veut, et vers quoi il peut tendre : la plénitude. Il faut évacuer une vision plutôt défaitiste du monde, comme si l’espoir n’était plus permis, comme si l’homme était condamné à expier ses torts jusqu’à son dernier souffle.
Dans cette résilience, il est possible d’entrevoir une lueur d’espoir, de trouver une forme d’espérance, une lutte perpétuelle pour sauver le monde de la perdition ; de bâtir un monde meilleur où la mère pourra élever son monde dans la quiétude, la sécurité, sans craindre de devoir incessamment lutter. En « connaissant ce sadisme », Etty démontre qu’à chaque instant le bien doit dominer, sans être emporté dans des perversions sans nom.
Avec cette expérience qu’elle a pu avoir des camps (où elle s’est portée volontaire), l’auteure nous amène à découvrir l’horreur des exactions commises par l’Homme. « Je connais » renforce l’idée d’une prise de conscience, de réflexion quant au bien-fondé même de l’existence, de Notre existence. Toutes ces folies, toutes ces dérives, n’ont eu pour seul but que d’affaiblir l’humanité » entière.
« Je connais » prend aussi un autre sens : celui de « j’ai vu et j’ai compris ; il est de mon devoir d’inculquer à l’homme des valeurs. » Valeur de l’être, valeur du corps, valeur de la vie : valeurs qui sont indispensables pour sa reconstruction.
Disons pour conclure qu’Etty Hillesum amène le lecteur à se questionner sur le bien-fondé de ses actes, à se demander si l’Homme peut encore se sauver ou s’il ne s’est pas déjà lui-même condamné par ses abominations du passé.


APOLLINE – 23 ans

Citation : « Je commence à me rendre compte que lorsqu’on a de l’aversion pour son prochain, on doit en chercher la racine dans le dégoût de soi-même ».

Il y a quelques mois seulement, il me semble que j’ai véritablement compris la signification de cette phrase d’Etty. Etty nous rappelle, dans le contexte de la seconde guerre mondiale et de l’extermination des juifs hollandais, entre autres, que la paix est tout d’abord un processus intérieur d’extirpation de la haine de son coeur : on retrouve ce processus de l’intérieur vers l’extérieur, si cher à Etty.
Etty reprend cette citation biblique « Aime ton prochain comme toi-même ». l’amour de soi, non pas comme une relation à soi-même égocentrique et narcissique, mais comme un amour juste qui élève, est donc la base de la relation d’amour que l’on peut porter à l’autre. Cela revient à l’impossibilité d’aimer l’autre réellement, si on ne s’est pas tout d’abord, au préalable, accepté et donc aimé soi-même. C’est un processus inhérent à chaque être humain, parfois long, que décrit Etty dans son journal : l’acceptation de son corps, avec ses limites, l’acceptation de ses propres états d’âme, sentiments, bons ou mauvais, de son esprit, de tout ce qui constitue sa personne de manière intrinsèque. Le manque affectif que ressent Etty, qui est universel à l’être humain en soif d’amour, la conduit à une sous-estimation d’elle-même dont elle a conscience. Ce sentiment de colère, de haine, qu’elle peut érpouver parfois vis-à-vis d’elle-même constitue pour elle le ferment du Mal, et est donc à éradiquer.
Ce « dégoût » d’elle-même qu’elle décrit n’est donc pas quelque chose qu’elle vise, comme une pénitence, une purge, pour enrayer l’aversion qu’elle peut éprouver envers son prochain. Bien au contraire, c’est ce « dégoût » même d’elle-même, c’est-à-dire cette mésestime d’elle-même, cette relation faussée avec sa propre personne, qui lui fait éprouver de l’aversion pour son prochain. S’aimer soi-même constitue donc la base de la relation à l’autre pour Etty Hillesum. De la même manière, il apparaît que les défauts ou faiblesses que l’on réprouve et condamne chez l’autre sont bien souvent en réalité nos propres défauts, faiblesses ou caractéristiques de notre être que nous condamnons chez nous. La racine du mal se trouve donc en nous-mêmes.


AURÉLIE – 17 ans

Citation : « A vouloir modeler l’autre sur l’image qu’on se fait de lui, on finit par se heurter à un mur et l’on est toujours trompé, non par l’autre, mais par ses propres exigences ».

On a toujours tendance à idéaliser quelqu’un. On place en lui toutes nos espérances, que ce soit la beauté, l’intelligence… Cette personne nous apparaît comme étant LA personne parfaite qui n’a aucun défaut. Cependant cette subjectivité qui nous est propre nous trompe, nous leurre. Elle est un mirage qui nous voile les yeux, qui nous condamne à ne pas avoir une vision objective. Lorsque ce voile se lève, tel une fatalité, on se retrouve face à un mur. Ce mur symbolise la réalité, la rupture de la subjectivité. C’est à cet instant que l’on se sent vide, nos aspirations portées par cet être s’évaporent. Une incompréhension s’empare de nous. Les exigences projetées sur cette personne ne sont que des tromperies. Cette expérience nous rappelle à la réalité. Le mirage n’est plus et la recherche pour comprendre l’autre émerge. La curiosité est l’une des meilleures qualités de l’homme. Elle nous sort des sentiers battus pour découvrir un monde, une personne plus merveilleuse encore. Elle permet de voir chaque individu avec sa singularité et non son défaut. Ce défaut que chacun d’entre nous veut cacher alors qu’il révèle sa beauté intérieure, la singularité de la personne.
Ce mur que tout le monde heurte n’est qu’un passage pour aller vers un vivre ensemble dans la paix et la sérénité.


BLANCHE – 16 ans

Citation : « On a des angoisses trop fortes pour ce malheureux corps. Et l’esprit, l’esprit oublié se racornit dans un coin ».

Les Juifs, pendant le massacre de la seconde guerre mondiale qui constitue le conflit le plus vaste que l’humanité ait connu, ont été exterminés. Ils ont connu l’enfer des camps car ils ont été torturés, affamés, dépouillés, et ont fini par le châtiment suprême : la mise à mort.
Des individus se sont octroyés le droit d’assassiner froidement des millions d’hommes, en justifiant leur acte inexcusable par le fait que leurs victimes étaient de confession juive. Leur unique crime était d’exister, d’être ce qu’ils étaient, de croire en ce qu’ils croyaient, et ceci leur a coûté la vie.
J’ai choisi cette citation car elle révèle que la véritable souffrance des Juifs, ou du moins la plus insurmontable, a été psychologique. En plus des violences physiques dont ils ont été victimes, ces hommes, ces femmes et ces enfants, ont été humiliés.
Les nazis ne les considéraient pas comme des humains, pour eux, ils n’en étaient pas dignes. Alors ils les ont humiliés, abaissés, bafoués, blessés… Les Juifs ne pouvaient plus pratiquer le métier qu’ils souhaitaient. Leur stigmatisation a dépassé toutes les limites avec le port de l’étoile jaune et la propagande les avilissant. Ils ont été exclus de la société et ont été transportés dans des camps de concentration et d’extermination, dans des conditions plus précaires que celles du transport d’animaux.
Les Juifs, à cette époque, ont non seulement été exterminés, mais on les a obligés à perdre leur humanité et leur esprit en les détruisant de l’intérieur. Cette atrocité est impardonnable.


CAMILLE– 17 ans

Citation : « Il faut si peu de mots pour dire les quelques grandes choses qui comptent dans la vie. »

Cette citation me parle beaucoup, elle nous rappelle qu’un simple mot peut dire beaucoup de choses. Ayant vécu dans d’atroces souffrances, pour Etty, un simple mot est un signe de gentillesse. Par exemple, un « merci » ou un « je t’aime » sont des mots simples, mais quand on les dit bien ou quand on les emploie dans de belles phrases, ces mots parlent et ont un réel sens. Dans la vie, les meilleures choses sont les plus simples. Et pour n’importe quel individu, la simplicité reste bien mieux en mémoire que des phrases trop complexes.
 Aujourd’hui, avec le développement de la vie en communauté, la discrimination, le harcèlement, le racisme… les personnes victimes d’injustice sociale n’ont souvent besoin que d’un simple mot de soutien, de gentillesse ou même d’amour.
Finalement, un seul mot d’amour vaut un long discours.


CANDICE – 16 ans

Citation : « Le désir de vengeance est facile à avoir. Qui ne l’aurait pas eu après avoir subi ces massacres ? »

Personne, Sauf Etty Hillesum, cette femme née le 15 janvier 1914, et décédée à seulement 29 ans, au camp de concentration d’Auschwitz. Cette femme, dédaignant les codes reçus pour être « une bonne et sage femme » des années 40, s’est toujours démarquée par sa personnalité ; et surtout par la force qui l’habitait au plus profond d’elle-même.
Pourquoi le monde aurait redouté cette femme ? Vous pouvez vous le demander.
(Remettons-nous dans le contexte de la guerre de 1939 à 1945 où elle est déportée puis exterminée à Auschwitz comme 76000 personnes juives, mortes pour ce qu’elles étaient.)
Maintenant, lisez attentivement ce qu’on a retrouvé dans son journal intime : « C’est trop facile ce désir de vengeance . » En disant cela, elle suggère que le génocide juif ne devrait pas être vengé, mais pardonné. Elle possède, à l’intérieur d’elle, une authentique volonté de paix.
À cause de cette philosophie, j’aurai toujours une admiration pour sa personne. Cette femme est immortelle. Elle incarne une philosophie que tout le monde devrait partager.
Merci à cette femme !

« La vengeance  procède toujours de la faiblesse de l’âme »


CÉLIA – 16 ans

Citation : « Je ne suis pas seule à être fatiguée, malade, triste ou angoissée, je le suis à l’unisson de milliers d’autres à travers les siècles, tout cela c’est la vie ».

Cette citation d’Etty Hillesum est issue de ses écrits. Cette citation témoigne d’une grande répartie de la part de celle-ci, en effet elle dit et affirme qu’elle n’est pas seule face à cette horrible période, elle sait que tout le monde est dans le même cas qu’elle, elle sait qu’ils souffrent tous à une échelle plus ou moins importante. Certains sont morts et les autres déshumanisés. Je pense que à ce stade de la guerre tout le monde est atteint, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi cette citation, elle me touche particulièrement et profondément. On voit à travers celle-ci une reconnaissance particulière de la part d’Etty Hillesum, elle qualifie cette horreur en ces termes « c’est la vie ». Pour elle, l’horreur est devenue normale, c’est devenu son quotidien, la vie. On voit aussi un élan d’humanité et de cohésion dans les paroles de cette dernière. Je cite : « je le suis à l’unisson ». Elle doit être je pense une des dernières personnes de l’époque à posséder ce ressenti-ci, à garder la tête portée sur l’humanité et la compassion du pays entier, malgré la souffrance.


CINDY

Citation : « Quand je trouvais belle une fleur j’aurais voulu la presser sur mon cœur ou la manger. C’était plus difficile avec d’autres beautés naturelles, mais le sentiment est elle-même. J’avais une nature trop sensuelle, trop  » possessive », dirais-je. Ce que je trouvais beau, je le désirais de façon beaucoup trop physique, je voulais l’avoir. D’où cette sensation continuelle et douloureuse de désir inextinguible, cette aspiration nostalgique à quelque chose que je croyais inaccessible, et c’est cela que j’appelais mon « instinct créateur ». Je crois que l’intensité de ces sentiments était justement ce qui me faisait penser que j’étais né pour créer des œuvre d’art. Soudain tout a changé. Par quelles voies intérieures, je l’ignore, mais le changement est là (…) Ce besoin d’écrire, je le comprends aussi, je crois. C’est une autre façon de « posséder », de tirer à soi les choses par des mots et des images et, par là, de se les approprier. Et c’était là jusqu’à présent, je crois, l’essence de mon besoin d’écrire: me cacher loin de tous avec tous les trésors que j’avais accumulé, noter tout cela, le retenir pour moi et en jouir. Et cette soif de possession -je ne trouve pas de meilleure formulation-vient brusquement de me quitter. Mille liens qui m’oppressaient ont rompu, je respire librement, je me sens forte et je pose sur toute chose un regard radieux. Et puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m’appartient et ma richesse intérieure est immense. »

La question de la liberté et de la beauté, dans un même passage, de l’écriture et de la possessivité.
Ce texte fait écho à ce que je ressentais, lorsque face à la beaute d’un paysage, face à une oeuvre d’art ou à une scène d’un spectacle, je désirais posséder la beauté presque douloureuse puisque inatteignable. Tentative vaine et folle de vouloir capturer par un texte ce qui venait d’être ressenti, puis pouvoir des mots d’Etty, libérateurs, qui semblaient avoir été écrit pour moi.


CLARA 

Citation : « Il faudra bien tout de même quelques survivants pour se faire un jour des chroniqueurs de cette époque. »

Etty Hillesum sait dans quelle situation elle se trouve, elle sait que tôt ou tard la mort l’atteindra, et peut-être plus rapidement que prévu, à cause de sa détention dans ce camp de transit.
J’ai choisi cette citation car je pense à la détresse qu’ont connue tous ces détenus lors de leur déportation dans ces camps. Tous ont su que leur fin était proche et tous ont craint que les époques qui viendraient après la leur ne sachent pas ce qu’ils avaient enduré. Ils ont souhaité que certains d’entre eux puissent survivre et devenir des témoins de leur époque, qu’ils puissent raconter leur histoire. Etty Hillesum a souhaité faire partie de ces témoins.
Je pense qu’il était important pour les survivants de faire naître une forme de respect à l’égard de tous les morts de ces camps, à travers ces témoignages.
Les survivants sont devenus des porte-paroles de leur époque.


CLARISSE – 16 ans

Citation : « On a parfois le plus grand mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s’infligent, les unes aux autres, en ces temps déchaînés. Mais je ne m’enferme pas pour autant dans ma chambre, mon Dieu, je continue à tout regarder en face, je ne me sauve devant rien, je cherche à comprendre et à disséquer les pires exactions, j’essaie toujours de retrouver la trace de l’homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable. »

Rousseau a dit un jour : « L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt. » De nombreux philosophes ont tenté de cerner le déchaînement de violence dont peut faire preuve l’homme. Qu’importe l’explication que l’on apporte pour excuser les erreurs de l’Homme, Etty accepte cette nature telle qu’elle est, et dans sa foi, lui fait face.
Cette foi, partagée avec différentes personnes, la pousse à croire que l’homme se cache derrière des murs d’amertume, de haine et de violence. Etty, dans sa simplicité et sa foi infinie, part, avec l’aide de Dieu, à la recherche de cette nature modeste qui se trouve dans le cœur de chaque homme ou femme. C’est ce qui lui a permis, en partie, de survivre moralement à la guerre puisqu’elle se rapproche en réalité de cette nudité et de cette fragilité.
Cet objectif devrait être celui de de chaque être humain. Malheureusement, ce n’est pas le cas. J’ai toujours eu tendance à avoir un avis pessimiste sur les hommes et leurs ignominies. Pourtant, je fais partie de cette espèce, je partage leur terre et leur sang. Je devrais alors, en suivant Etty, faire face aux réalités crues de l’Humain, tout en cherchant sans cesse cette nature enfouie sous les feuilles mortes d’un passé chaotique et d’un futur douteux.
Etty nous apprend de nombreuses leçons dans sa philosophie de vie, mais c’est celle évoquée dans la citation qui a, à mes yeux, le plus de valeur : chercher en l’Homme, avec la foi, cette nature que Dieu lui a donnée.


CLÉMENTINE – 17 ans

Citation : « Il faut oublier des mots comme Dieu, la souffrance, la mort, l’éternité. Il faut devenir aussi simple et aussi muet que le blé qui pousse ou la pluie qui tombe. Il faut se contenter d’être. »

J’ai eu peur de la vie quand j’étais plus jeune. Elle était si complexe. J’avais une angoisse : celle de ne pas mettre du sens sur des moments importants, ou bien encore sur les plus simples. Il me revenait sans cesse ces mots si pesants : « À quoi cela sert de vivre si je vais mourir ? » Il me semblait absurde de devoir répéter des actions qui n’en finiraient pas et qui n’auraient jamais de sens, comme faire son lit. Chaque jour se répétait sans m’apporter de réponse, que des pleurs et de l’incompréhension.
Puis, un jour, dans la fleur de l’âge, j’ai compris que la vie était douce à vivre et que je ne pouvais pas changer les choses. Alors, je me laisse porter entre l’amour, l’amitié, et toutes ces belles sensations que l’homme, même le plus naïf, peut ressentir. Je vis dans la surprise l’incohérence des événements. Je pense que ce qu’il y a de plus beau et de plus contradictoire chez l’homme, c’est son immortalité. Un homme meurt, mais l’humanité ne s’éteint jamais.


ELISÉE – 16 ans

Citation : « Et je comprends qu’il ne suffit pas de serrer quelqu’un dans mes bras pour lui exprimer mes sentiments. une fois dans mes bras, et là plus qu’ailleurs, ce quelqu’un m’échappe ».

Cette citation, extraite du livre d’Etty Hillesum Une vie bouleversée, nous parle de l’amour que l’on porte à quelqu’un, surtout en temps de guerre : un amour qu’il faut conserver et entretenir afin de se soutenir et de ne pas oublier qu’il reste en chacun de nous de l’humanité, même face à toutes les horreurs. 
Cette citation nous montre que l’amour n’est pas seulement physique, qu’il ne suffit pas de « serrer quelqu’un dans ses bras » pour lui témoigner son amour. Chaque jour nous embrassons des dizaines de personnes pour leur dire bonjour, mais est-ce que nous leur témoignons là l’amour qu’on leur porte, ou, au contraire, faisons-nous la bise à des personnes que nous n’aimons pas comme il faudrait ?
Aimer quelqu’un d’amour ne se résume pas à une simple accolade, c’est un sentiment vif que l’on manifeste pour quelqu’un qui nous pousse à l’aimer, à lui vouloir du bien. Nous avons tous besoin d’amour, que ce soit celui de sa famille, de ses amis, ou de son petit ami. L’amour est une composante essentielle de la vie, car il est une source de vie et de plaisir : un sentiment qui est d’autant plus important que l’on est en temps de guerre.


ELYSSA – 16 ans

Citation : « On dirait que du haut plateau d’une chaude nuit d’été, nous avons été soudain précipités au fond d’une vallée glaciale et humide ».

Cette citation a attiré mon attention car elle m’a fait penser à un épisode de ma vie qui a été marquant. Je n’étais qu’une enfant lorsque mes parents m’ont interdit d’aller voir mon frère dans sa chambre. Une toux incessante se faisait entendre à travers la porte.
Je me souviens des longs couloirs blancs, froids et sans vie, dans lesquels je devais attendre lorsque mon frère fut transféré à l’hôpital.  Mes parents m’amenaient lui rendre visite, mais j’étais trop jeune pour pouvoir rentrer dans sa chambre d’hôpital, les risques étaient bien trop importants. J’étais une enfant naïve, pleine de vie, et lorsqu’on a sept ans, le mot « tuberculose » n’a pas réellement de sens.
Mon grand frère venait de Paris, mais j’étais dans l’impossibilité de le voir. Un seul et simple couloir nous séparait. Je m’arrêtais souvent devant sa porte pour la contempler. Ma vie en rose de petite fille a été repeinte en noir. J’étais dans une incompréhension totale et je ressentais une frustration indescriptible. Nous étions si proches et pourtant si loin l’un de l’autre.


GALIEN – 16 ans

Citation : « Les hommes, les humains, n’oublie pas que tu en es un. » (p.104)

Cette citation extraite du journal d’Etty Hillesum est très marquante. Cette auteure veut faire passer un message à travers cette simple phrase.
Cette femme de lettres est une jeune femme juive et une mystique connue pour avoir, pendant la Seconde Guerre mondiale, tenu un journal intime depuis le camp de transit de Westerbork. Dans son journal, elle relate la spirale inexorable des restrictions des droits et des persécutions qui ont amené les juifs en masse vers les camps de transit, puis vers la mort en déportation. À travers son œuvre, elle explique ce qu’elle a vécu durant ce chaos…
Vu les massacres qu’ont commis les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, c’est à se demander si ces Allemands étaient des humains ou des animaux. Tous ces soldats n’avaient aucun scrupule à faire souffrir des populations innocentes qu’ils traitaient comme des assassins. En plus de leur arracher la vie, ces sauvages hitlériens ne respectaient ni la dignité, ni les valeurs de ces personnes qui étaient punies pour ce qu’elles étaient et non pour ce qu’elles avaient fait.
À travers son journal, Etty fait passer un réel message : la vie est trop courte pour se faire du mal, la quiétude doit régner dans ce monde de scélérats !
Cett femme commence sa citation par une anaphore (« les Hommes, les Humains ») qui insiste sur le fait que ces « Hommes » (les nazis) étaient en fait des barbares.
De nombreux recueils et mémoires (films, livres…) ont été faits pour rendre hommage à toutes les victimes de la Shoah. Ces œuvres ne pourront jamais effacer les peines de cette hécatombe, mais elles nous permettront de la connaître et de l’accepter pour avancer…
En 2019, en France, nous vivons la plus longue période de prospérité de l’Histoire, il faut se rendre compte de cette chance pour pouvoir la conserver et se donner les moyens de rester un pays en paix.
Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous.


JULIE – 17 ans

Citation : « Il faut si peu de mots pour dire les grandes choses qui comptent dans la vie. Je voudrais tracer ces quelques mots au pinceau, sur un grand fond de silence. »

Cette citation met en valeur la vie, la  volonté et le silence.On peut mettre des mots sur tout, mais ce n’est pas toujours nécessaire et ce  n’est pas l’essentiel. Les mots souvent ne suffisent pas à exprimer ces sentiments, moments ou objets, ces essentiels si précieux que nous sommes parfois incapables de décrire. Comme le dit Saint Exupéry dans le Petit Prince : « L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Pour Etty Hillesum, cet essentiel s’exprime simplement, en « si peu de mots », et profondément. Il arrive qu’aucun mot ne corresponde au sentiment terrifiant, accablant ou terriblement agréable que l’on ressent à un moment précis ou qui nous envahit de nouveau lors d’un souvenir rêveur qui revient. Cette citation remet en cause l’importance que l’on accorde à des objets, personnes ou moments qui n’en ont pas.


JULIETTE – 17 ans

Citation : « On a parfois le plus grand mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s’infligent, les unes aux autres, en ces temps déchaînés. Jr regarde ton monde au fond des yeux, mon Dieu, je ne fuis pas la réalité pour me réfugier dans de beaux rêves – je veux dire qu’il y a de la place pour de beaux rêves à côté de la plus cruelle réalité – et je m’entête à louer ta création, mon Dieu, en dépit de tout. »

Dans cette citation, se dégage une vision reculée des violences que s’infligent les êtres vivants et en particulier les Hommes, considérés ici au même niveau que toutes les autres espèces : les « créatures terrestres » comme dit l’auteur.
Etty Hillesum prend alors un recul considérable, la menant à quasi s’exclure de ce monde. S’adressant à Dieu, elle renforce le côté céleste, montrant la possibilité pour chacun d’en faire autant.
Les rêves utopiques sont le sujet majeur de la citation, qui semble avoir pour but de nous encourager à nous laisser partir dans nos pensées et dans nos rêves. Ceux-ci ne sont pas néfastes pour nous, surtout dans des périodes difficiles telles que les guerres.
Par sa réflexion, Etty nous montre combien certains ne se rendent pas compte des violences qu’infligent un grand nombre d’humains aux autres. Ces derniers ne se rendent également pas compte des violences qu’ils s’infligent à eux-mêmes.


LAURA – 16 ans

Citation : « On a parfois le plus grand mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s’infligent, les unes aux autres, en ces temps déchaînés. »

Si j’ai choisi cette citation d’Etty Hillesum, c’est parce que la question qu’elle se pose est une question à laquelle beaucoup de personnes aimeraient avoir une réponse. En effet, pourquoi les créatures terrestres dont parle Etty, qui ne sont rien d’autre que les êtres humains, s’infligent tant de tortures, alors que toutes savent qu’elles n’ont qu’une vie ? Etty Hillesum interroge Dieu. En effet, il est le seul à avoir la réponse, étant le père de chacun. Selon certaines croyances, c’est lui-même qui inventa le monde, nous créa et nous surveille de là-haut.
Ensuite, cette citation m’a touchée car elle parle de la Seconde Guerre Mondiale : une guerre d’anéantissement après laquelle tout le monde pensait que de telles horreurs n’existeraient plus. Et pourtant… les atrocités que les êtres humains s’infligent sont toujours existantes, prenons l’exemple des attaques terroristes, des guerres et tant d’autres.
Cette citation est donc, selon moi, toujours d’actualité. Elle le sera encore dans les années à venir car les êtres humains ne pourront jamais être tous d’accord entre eux et cela créera encore des conflits, au plus grand regret des terriens souhaitant un monde en paix.


LÉA – 16 ans

Citation : « L’homme forge son destin de l’intérieur, voilà une affirmation bien téméraire ».

Ce qui distingue toutes les vies entre elles, c’est l’attitude intérieure de chacun.
Puisque chaque être est appelé à évoluer, est-il juste que certains passent leur vie sur terre dans des conditions atroces, alors que d’autres vivent comblés de santé et de bonheur ?
L’être humain non seulement bénéficie du libre arbitre mais, en plus, il y a en lui cette force et cette capacité de se former, de se forger lui-même. La citation d’Etty Hillesum a attiré mon attention car elle me rappelle la phrase que nous avons tous déjà entendue dans notre vie : « On apprend de ses erreurs ». Apprendre de ses erreurs signifie d’abord comprendre avant de pouvoir avancer dans la vie. C’est à travers tout ce qu’une personne peut vivre que son destin va se construire. C’est grâce à des évènements ayant un impact positif ou négatif sur notre parcours ou encore grâce à des individus que nous rencontrerons tout au long de notre vie que notre destin va se dessiner.
Le destin est par définition une succession inévitable d’évènements à laquelle personne ne peut échapper. L’existence du destin suppose que rien ne se passe par hasard et que tout a une cause prédestinée. Chaque humain paraît être l’artisan de son destin car c’est dans sa liberté de pensée, de parole et d’action que demeure le fondement de son évolution. Le libre arbitre est la liberté dans le choix. Et, comme a dit Etty Hillesum, l’homme est libre de choisir l’accueil qu’il fera en lui-même de son destin.
L’homme est un être soumis aux lois de la nature mais aussi de logique et de raison. Il est capable d’envisager le meilleur et le pire de son avenir en considérant les actions qu’il accomplit. On peut donc penser que l’homme a une influence sur son destin, et qu’il est capable de lui assigner une destination et une raison d’être.


LÉONIE – 16 ans

Citation : « C’est trop facile ce désir de vengeance ».

Durant la seconde guerre mondiale les Juifs ont été victimes de massacres et cette guerre a généré de nombreuses violences. Etty aurait pu ressentir de la haine mais elle a prôné le pardon. Pour elle on ne doit pas oublier mais pardonner. Nous ne savons pas comment on aurait réagi à sa place si on avait vécu ces horreurs et vu toutes ces injustices. La vengeance est notre premier instinct, l’injustice énerve et donne l’envie de faire aux autres l’horreur que nous avons connue.
Cette citation est pour moi difficile à comprendre car il faut beaucoup de sagesse et de recul pour la penser et la mettre en pratique. J’admire beaucoup cette femme et cette phrase m’a amenée à me remettre en question.
De plus sa pensée est d’actualité et fait écho aux attentats récents du Bataclan du 13 novembre 2015. En effet Antoine Leiris, comme elle, prône le pardon à travers son message « vous n’aurez pas ma haine ». Cette réaction est donc vécue par plusieurs personnes : cela me fait me demander quelle est la meilleure attitude à avoir ? La vengeance est un acte totalement compréhensible mais le pardon est peut-être meilleur pour pouvoir avancer dans sa vie et apprendre à vivre avec ce que l’on a vécu.
Cette phrase d’Etty Hillesum est courte mais puissante. Son message est digne d’une héroïne et montre que l’on peut toujours avancer dans la vie.
En huit mots elle nous fait réfléchir et transmet un message fort, émouvant et perçant.


MANON – 16 ans

Citation : « Et si Dieu cesse de m’aider, ce sera à moi d’aider Dieu. »

Cette phrase respire pour moi une foi supérieure. Pour moi, la foi comprend plusieurs étapes. Cette spiritualité, cet être supérieur qu’est Dieu nous rassemble tous de diverses façons, et c’est le meilleur rassemblement du monde. Mais plusieurs stades sont nécessaires pour atteindre ce niveau.
La première étape est pour moi le déni dont Etty fait preuve quand elle n’était pas pratiquante. Mais ensuite, elle a trouvé foi et dévouement dans la joie et le bonheur qu’est Dieu. Et même si celui-ci est différent pour moi, car elle est juive et moi chrétienne, notre foi dans le Seigneur a du sens : elle nous unit et me fait comprendre une chose importante.
Nous avons la foi, nous croyons en cet Être supérieur, mais Dieu a-t-il la même foi en nous ?  Les horreurs pénibles à ses yeux, les paroles décourageantes que profèrent certaines populations à l’égard d’autres, l’ont-elle dégoûté ou découragé par rapport à nous ? Je pense qu’Etty Hillesum s’interrogeait à ce sujet, tout comme moi.
Cette question semble absurde pour une personne croyante. La foi de Dieu sera toujours plus puissante que la nôtre car il est le Créateur. Mais dans le contexte historique où Etty écrit ce journal, la foi en Dieu reste minime. Elle utilise le verbe « aider », se pourrait-il que notre Créateur ait des faiblesses ? Nous voyons tous Dieu comme quelqu’un de notre famille, un proche qui nous est précieux.
Théoriquement, Dieu est celui qui nous aide et non le contraire. Quand on aide quelqu’un dans le besoin, cela veut dire que nous sommes supérieurs et que l’être que nous aidons est inférieur. Dieu, dans cette guerre, est inférieur à nous. Il est celui qui nous prodigue amour, amitié, compassion et paix. Il nous aide dans nos épreuves, mais qui est là pour l’aider ? Qui est là pour lui prodiguer la paix ?
Nous sommes les individus qu’il a créés. J’ai besoin de lui pour avancer et Il a besoin de moi pour continuer. Cet amour unique et spirituel a protégé Etty, l’a préservée dans ce monde corrompu.
Si Dieu perd foi en nous, alors c’est notre devoir de lui redonner Confiance et Amour pour nous. Il nous a créés, Il a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Abandonner Dieu, ce serait s’abandonner soi-même.


MARGOT – 16 ans

Citation : « La vie demeure un flux continu, ininterrompu, qui, ces jours-là, s’écoule peut-être un peu plus lentement et rencontre plus d’obstacles, mais n’en continue pas moins de s’écouler ».

Cette phrase a attiré mon attention, car en quelques lignes seulement, Etty parvient à nous livrer sa conception de la vie, de sa vie. Malgré le fait qu’elle soit dans un camp de la mort, elle trouve la force, le courage de surmonter ces obstacles, de continuer à vivre pleinement sa vie.
C’est un exemple pour nous, qui n’avons jamais connu la guerre, la déportation, de savoir qu’il a existé des hommes sur terre, comme elle, qui ont su trouver la force de vivre alors qu’ils savaient qu’ils allaient mourir.
Etty n’est pas seulement une femme, elle incarne la grandeur, le courage.
Aujourd’hui, lorsque je lis cette phrase, je me dis que je n’aurais sûrement pas eu la force de continuer à vivre.
Cette femme est exceptionnelle, elle nous donne une leçon de vie à nous qui avons tout pour être heureux, mais qui nous plaignons pour de petites choses. Ses écrits et sa grandeur lui ont permis de continuer à vivre après sa mort, comme une héroïne.
C’est à nous maintenant, de transmettre ses écrits, afin qu’elle ne soit pas morte en vain.


MARINE – 16 ans

Citation : « Même si l’on doit connaitre une mort affreuse, la force essentielle consiste à sentir au fond de soi, jusqu’à la fin, que la vie a un sens, qu’elle est belle, que l’on a réalisé toutes ses virtualités au cours d’une existence qui était bonne ».

Cette citation me touche particulièrement car cette femme a toujours su regarder ce qui lui était arrivé de beau dans sa vie. Elle a toujours voulu croire que la vie était bonne et qu’elle avait un sens. Cette force de caractère m’impressionne car elle était consciente qu’elle pouvait un jour ou l’autre se faire assassiner.
Ce courage et cette dignité de trouver toujours la vie aussi belle malgré ce qu’elle a enduré, ne me laisse évidemment pas insensible. En effet, j’admire la combattante que cette femme était.
Si j’ai choisi cette citation, c’est que cette dernière m’a réellement marquée. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’une déportée puisse encore trouver la vie aussi belle, malgré toutes les horreurs auxquelles elle a assisté durant cette période. De plus, la Seconde Guerre mondiale est l’une des époques qui m’a beaucoup marquée du fait de toutes ces tortures, ces fusillades, ces exterminations, et les déportations que toutes ces personnes ont subies. C’est pour cela que je relève cette citation. Elle m’interpelle par la force du message qu’Etty nous transmet.


MARIUS – 17 ans

Citation : « Si j’écris un jour, je voudrais tracer ainsi quelques mots sur un grand fond de silence ».

Etty Hillesum nous donne une vision poétique de l’écriture, on ressent une émotion. Le fait de vouloir faire passer un message ou un signe au travers d’un écran neutre symbolisé par le fond de silence, nous fait penser à un fond blanc avec un mot en noir dessus. Cette image peut être synonyme de neutralité ou de simplicité, le fait de dire ou d’écrire sur un arrière-plan paisible pour donner de l’importance à son message. J’ai choisi cette citation car elle est simple et témoigne d’une présence d’esprit subtile. On pourrait imaginer un paysage pour illustrer cette citation, pour ma part je visualise une étendue enneigée avec au centre un grand chêne dépourvu de ses feuilles, ce dernier symbolisant l’unique être vivant au milieu du silence. Nous pouvons nous demander si l’auteure n’a pas le besoin inconscient de se faire entendre, d’où cette citation. Mais le fait que cette citation ait été écrite par l’auteure m’a marqué, car on peut en déduire qu’elle a écrit, en référence à la citation.


MAUD – 16 ans

Citation : « Il est tout de même réconfortant de penser que de tels moments sont possibles dans ce monde déchiré. »

Cette phrase est extraite du livre « une vie bouleversée » : un journal écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1943. Ce journal a été écrit par Etty Hillesum, jeune femme juive de 27 ans qui vivait à Amsterdam. À cette époque, les Juifs et les Tsiganes vivaient un enfer sur Terre à cause de la répression des nazis. Pour moi, ils ont survécu grâce à leur force morale et à leur détermination pour retrouver leurs droits et surtout leur liberté.
J’ai choisi cette phrase car elle résout tous les problèmes et surtout réconforte les personnes qui y croient. Lorsque nous vivons un moment de faibless, ou pire, nous savons que le bonheur demeure et demeurera dans le monde. De plus, pour les juifs déportés, cette citation apporte une forme d’espoir, celui de se dire que toute cette guerre sera bientôt un lointain souvenir. Au début du XXIème siècle, nous avons aussi vécu des moments de peine pour les victimes des attentats en France et dans d’autres pays. Je pense que dans des moments comme cela, la lumière nous attend toujours au bout du chemin.
De plus, je pense que cette phrase réconforte pour tout type de problèmes, et elle aide des personnes à donner le meilleur d’elle-même.


NOÉ – 16 ans

Citation : « On ne peut tout dominer par la raison, laissons donc les fontaines du sentiment et de l’intuition jaillir elles aussi. »

Cette citation extraite du livre « Une vie bouleversée » est, je trouve, saisissante de justesse. En effet, les mots qu’écrits Etty Hillesum résonnent de bon sens et ce malgré une expression et une utilisation de mots simples : une simplicité dans le choix des mots qui rend le discours intelligible et à la portée de tous ses lecteurs.
Derrière cette courte phrase, se cache cependant un message fort, presque poétique, qui invite à plus de sensibilité et de spontanéité dans la vie de tous les jours. Ce message résonne pour moi aujourd’hui comme une évidence. Nous vivons dans une société qui accorde à mon goût trop d’importance à la performance et qui ne laisse plus assez de place à divers états d’âme. Elle nous pousse à agir par raison quitte à parfois oublier ses propres envies.


THÉA – NOÉLIE – 17 ans

Citation : « Bon, on veut notre extermination complète, cette certitude nouvelle je l’accepte. Je le sais maintenant, je n’imposerai pas aux autres mes angoisses et je me garderai de toute rancoeur s’ils ne comprennent pas ce qui nous arrive à nous les Juifs. Mais une certiture acquise ne doit pas être rongée ou affaiblie par une autre. Je travaille et je vis avec la même conviction et je trouve la vie pleine de sens, oui, pleine de sens malgré tout, même si j’ose à peine le dire en société ».

Nous avons choisi cette citation car nous trouvons les quatre grandes idées qui en découlent intéressantes : la religion, le génocide, l’acceptation de la mort ainsi que la foi en l’homme et en Dieu.
En effet, Etty Hillesum a conscience de la tragédie qui frappe son peuple et ne perd pas pour autant la raison. Elle intègre la mort à la vie, c’est un cycle, la mort représente pour elle une seconde vie et l’accepter c’est élargir la vie et s’ouvrir de nouvelles portes. C’est la foi qui lui a permis de garder la raison et c’est pour cela qu’elle n’a plus peur de la mort.
Son Dieu, c’est ce qu’elle ressent. C’est assez contradictoire car elle aime la vie, elle aime plaire, s’habiller… et pourtant elle accepte de subir la mort. Elle a foi en l’humanité, elle pense qu’au fond, l’homme est bon, malgré les atrocités qu’il est capable de commettre. Ses actions ne définissent pas forcément ce qu’il est. Elle voit l’injustice présente dans le génocide mais elle met de côté toute sa haine.
Ainsi, nous aimons la spiritualité de sa réflexion, et le courage dont elle fait preuve. Nous remarquons également que c’est une femme audacieuse qui n’a pas eu peur de suivre ses convictions, tenir ses positions, et aimer librement, sans jamais douter.


PAUL– 16 ans

Citation : « Il est toujours possible de puiser des forces positives dans la souffrance ».

Etty Hillesum évoque ainsi le sentiment de résilience qui lui a été indispensable durant sa période d’incarcération en tant que juive à Auschwitz. Déshumanisée, forcée à travailler, violentée, Etty, comme les autres détenus, a probablement vécu les pires humiliations morales. Ajoutons à cela la quantité ridicule de nourriture ainsi que les faibles heures de sommeil qui leur étaient accordées : à peu près toutes les conditions étaient réunies afin de tuer moralement les détenus, dont le destin s’avérait implacablement tragique.
Cependant, dans son journal intime, Etty nous confie que c’est dans ce genre de moments, lorsque tout semble terminé et sans espoir, qu’il faut puiser ce qu’il y a de positif. Car, quand tout semble terminé, lorsqu’il n’y a plus rien à perdre, si ce n’est la vie (et encore, n’aurait-il pas été moins humiliant de mourir ?), la seule chose à faire, selon Etty, est d’aller chercher ce qu’il y a encore de bon, afin de tenir moralement.
En réalité, je pense que ce qu’a voulu dire Etty ici, c’est : « Qu’y a-t-il d’autre à faire que de positiver lorsque tout va mal ? Cela vaut-il vraiment le coup de se lamenter de sa situation ? Pour quoi faire ? En rajouter une couche ? Comme si les choses n’allaient pas déjà assez mal… »
Ce que j’ai beaucoup apprécié dans cette citation, c’est que cette personne arrive à donner de l’espoir aux gens. Lorsque vous lisez que cela ne sert à rien de se plaindre et de pleurer sur sa vie en tant que détenu, pourriez-vous là, maintenant, vous plaindre parce qu’aujourd’hui vous finissez les cours à 17 heures ?
En tout cas, Etty Hillesum me fait profondément réfléchir et me fait relativiser en voyant la chance dont je dispose de vivre une vie où je ne manque de rien et où je n’ai pas à me soucier de savoir si je mourrai ce soir. Une telle personne vous montre à quel point voir les choses du bon côté est une vertu indispensable pour vivre heureux.
Il est légitime de se demander comment voir les choses du bon côté lorsqu’on vit dans un camp de concentration. Etty en était capable, et je pense que lorsqu’on entend un tel témoignage, il est difficile de se plaindre de notre vie. L’on doit surtout aller de l’avant en puisant dans le positif pour toujours surmonter les obstacles que la vie nous réserve. Voilà ce que cette dame cherche à nous faire comprendre.


PAULINE – 16 ans

Citation : « J’ai un don de plume et je sais que j’aurai aussi quelque chose à dire ».

Tu es pressé ? Mais pourquoi ne saurions-nous pas attendre ?
Le Temps, le temps est déterminant, il faut savoir patienter, refouler ses désirs et réfléchir. Se presser n’avance à rien et gâche la beauté : une beauté qui éclora un jour qui viendra. Il n’y a aucune hâte, nul besoin de précipitation, ma plume est et restera. Ma mémoire est intacte et rien ne saurait effacer mes souvenirs de jeunesse. Bons comme mauvais, il faut tous les garder : de la rosée du matin au dernier soupir des enfants étouffés. Ma sagesse et ma patience ont pu réfréner mes pulsions quant aux horreurs exécutées.
J’ai su parvenir à aimer les simples choses de la vie quand rien n’allait autour de moi. Au rythme du soleil levant, je me réveille, observe les minces fleurs qui luttent pour un brin de soleil. Le soir, le soleil se couche et je fais de même. Il m’accompagne et m’aide à rêver. Alors j’attends et je ne suis pas pressée…
Voilà ce qu’aurai pu exprimer Etty à la suite de cette citation. J’aime ce qu’elle pensait à propos du temps. La vie est précieuse, et chaque moment, chaque fleur, arbre, oiseau, les hommes et les femmes qui la constituent, doivent être appréciés à leur juste valeur.
J’aime moi aussi écrire, coucher ma plume et réfléchir à ce qui m’entoure. Bien que n’ayant pas vécu l’horreur des camps, je trouve la façon dont cette poétesse aborde cette époque merveilleuse. Dans les nuages, là réside sa pensée, son âme. Jamais elle n’aurait cru que quelqu’un lirait son journal, et pourtant si, et il nous apprend à redécouvrir la vie. Alors merci !


THOMAS C.

Citation : « Mon faire consistera à être. »

Cette citation aussi philosophique soit-elle, précise que floue dans sa description de l’être. Elle peut en effet être comparée à la citation « l’habit ne fait pas le moine » mais dans le sens où nos actions nous dictent ce que nous sommes et non ce que l’on est ou ce que l’on porte à l’extérieur mais bien ce que l’on est à l’intérieur. Je suis relativement d’accord avec cette citation je pense aussi que nos actes dictent et créent la personne que nous sommes. Et non un être bien défini qui ne peut pas évoluer que ce soit dans un sens négatif ou positif. De plus nous sommes uniquement ce que l’on est et grâce à ce que l’on fait, montre, exprime, dégage. J’ai choisi cette phrase dans le seul but de me rappeler que nous ne devons jamais juger qui que ce soit au premier regard. Personne ne mérite d’être méprisé à cause de son apparence ou de ce que l’on imagine.


THOMAS J. – 16 ans

Citation : « On peut nous rendre la vie assez dure, nous dépouiller de certains biens matériels, nous enlever une certaine liberté de mouvement toute extérieure, mais c’est nous-mêmes qui nous dépouillons de nos meilleures forces par une attitude psychologique désastreuse ».

Etty Hillesum est une jeune femme juive qui est morte en camp de concentration à Auschwitz, en Pologne, en 1943. Elle a écrit son journal intime dans le contexte de la seconde guerre mondiale. J’ai choisi cet extrait car il est, selon moi, très positif et rempli d’optimisme.
Il reflète la personnalité et la joie de vivre d’Etty Hillesum. La phrase qu’elle prononce prône pour moi l’optimisme, la paix intérieure, et l’importance de la force intérieure.
Il est vraiment étonnant que, pendant cette période de la seconde guerre mondiale où Etty a été maltraitée, persécutée, déportée, elle puisse tenir ce genre de discours et être aussi pacifiste. En effet, à aucun moment dans cet extrait, elle ne remet en question la guerre et le gouvernement nazi qui veut exterminer les Juifs, qui lui rend la vie dure et lui enlève sa liberté.
Etty n’est pas en colère contre le gouvernement allemand : elle accepte finalement de façon positive ce que la vie lui propose et elle reste optimiste.
C’est l’être humain qu’elle remet en question, en montrant que ce qui est compliqué, ce n’est pas la persécution, le manque de liberté et de mouvement, mais c’est d’avoir une attitude psychologique désastreuse face à ce que l’on vit.
Cette phrase n’est pas une phrase haineuse, mais une phrase qui prône une certaine philosophie de la vie et qui montre à quel point la liberté spirituelle et la liberté intérieure sont très importantes et nous permettent de ne pas aborder les difficultés de la vie de la même façon lorsqu’on a cette force intérieure. Etty veut finalement nous montrer que le problème de la vie ce n’est pas la souffrance mais la peur de cette souffrance.
Dans ce passage, je trouve qu’il est aussi question de notre libre arbitre et de nos choix de vie : c’est nous qui décidons de la façon d’envisager notre vie.
Cette femme est optimiste et croit en l’être humain. Elle trouve, à l’intérieur d’elle-même, un optimisme et une liberté que personne ne peut lui enlever, pas même les nazis.
Enfin, je trouve que cette phrase est intemporelle, car ces mots, prononcés en 1942 dans un contexte difficile, sont toujours d’actualité.
Pour moi, cet extrait montre vraiment la grande force intérieure d’Etty qui, vivant dans un contexte de guerre, arrive pourtant à trouver un peu de bonheur et à être en paix avec elle-même.


TIM – 17 ans

Citation : « On pourra peut-être me briser physiquement mais c’est tout ».

Ce choix n’est pas un simple choix. Cette citation provoque en moi un élan d’euphorie combiné à une grande peine. Un aveugle de naissance n’ayant pas connu les somptueux paysages de notre univers, peut-on certifier qu’il est en affliction ? Certains se forgent un physique « d’acier » mais à la première tempête de la vie abdiquent. Socrate a dit que « la chute n’est pas un échec. L’échec c’est de rester là où l’on est tombé ». Moi, j’ai eu la chance de pouvoir voir le monde même si à certains moments j’aurais voulu être aveugle. L’animosité de l’espèce humaine peut détruire une âme fragile d’où l’importance de se forger en premier lieu un mental « d’acier ». De toute façon le mental n’est pas dissocié du physique, on sait tous que le sport aide certaines personnes à s’apaiser et à lutter contre le stress.
Il était une fois l’histoire d’un petit garçon né prématurément ce qui le poussa à lutter pour vivre. Né d’une maman géniale et aimante qui donnerait sa vie pour son fils mais qui malheureusement connaît de grandes difficultés : l’alcool qui la détruit peu à peu… Le petit garçon est baladé de foyers en familles d’accueil puis revient chez sa maman puis repart. Sa maman est une femme battue, il est lui-même battu par des personnes qu’il ne connaît même pas, sa maman est violée, lui aussi est abusé sexuellement, il ne mange pas à sa faim, se retrouve souvent à dormir dehors, il a froid, faim, soif, il se sent sale. Le petit garçon fait de nombreux cauchemars, a des problèmes scolaires, mais il est fort, ce petit…
Sa maman est malade, malgré son cancer elle reste debout, le petit garçon est très attaché à sa maman et même lorsqu’elle tombe dans le coma, pensant qu’elle avait été tuée il dort à ses côtés. Le petit garçon même violenté reste debout. Même quand il pense trouver du répit auprès d’une famille d’accueil, là encore il est battu, est maltraité. L’homme pour lui est dangereux, tous les hommes, il est perdu, tout le monde meurt près de lui, soit de suicide ou de violence, il songe lui aussi à mourir mais ce petit garçon est fort comme Etty Hillesum.
Il passe ses noëls et ses anniversaires la plupart du temps seul, il ne demande pas de cadeaux, lui, il demande la paix comme Etty Hillesum l’avait aussi demandée. Il ne veut plus voir du sang, de la violence, de la drogue, de l’alcool et entendre des cris.
Je passe volontairement sur un grand nombre de péripéties douloureuses, c’est déjà un miracle qu’il doit encore en vie. Il a fini par choisir de se séparer de sa mère, qui peut le juger ? il reste toujours là pour elle mais il se construit, reprend ses études, travaille avec acharnement, il veut une vie paisible, il rencontre l’amour et une certaine réussite à l’école. Il a peut-être grandi trop vite mais c’est ce qui fait sa force, il est aujourd’hui un jeune homme respectueux, droit, courageux, même si les cicatrices sont pour la plupart fermées, elles restent sensibles.
La force mentale est capable de grandes choses, cette histoire n’est pas fictive bien qu’elle soit volontairement raccourcie, elle est simplifiée, cette histoire est réelle.


VINCENT – 16 ans

Citation : « … ne pas subir les rugissements d’un misérable gestapiste mais bien d’avoir pitié de lui au lieu de m’indigner et d’avoir envie de lui demander : As-tu donc eu une enfance aussi malheureuse, ou bien est-ce que ta fiancée est partie avec un autre ? » (p.106)

 Cette citation d’Etty Hillesum montre toute la foi envers les hommes que possède cette dame qui essaye de comprendre ces personnes endoctrinées par le régime nazi qui commettent autour d’elles des actes inhumains : ces personnes, comme vous, comme moi, qui ont été manipulées afin de commettre des actes encore jugés aujourd’hui comme inconcevables.
On peut ainsi voir toute la force psychologique que possède cette dame qui tente d’expliquer l’inexplicable et de vaincre les fatalités de ces actes effroyables. Préférant comprendre ces atrocités au lieu de les voir comme un mur, cette dame nous montre à quel point sa foi dans les hommes était importante et précieuse à ses yeux.
L’exemple de cette dame nous pousse à prendre du recul sur notre propre situation, nous, citoyens d’un pays républicain et démocratique, nous, citoyens d’un pays où la liberté, la fraternité et l’égalité des droits sont nos valeurs premières. Nous, citoyens d’un pays, d’une culture et d’une histoire sans équivalent, ne devons en aucun cas oublier ces massacres, ces fusillades, ces rafles, ces tortures, ces internements forcés, ces déportations, ces crimes contre l’humanité.
Grâce à la mémoire de personnes comme madame Esther Hillesum, nous, je l’espère, ne reproduirons pas les erreurs du passé : ce passé effroyable, écrit à jamais en lettres noires dans les livres d’histoire.